Le Lundi noir à la Bourse de New York le 19 Octobre 1987

Le Lundi 19 Octobre 1987, le Dow Jones perdait 22.6% dans une seule journée de cotation à la bourse de New-York. Ce krach boursier, plus connu sous l’appellation de Lundi noir, a été causé par une envolée des taux d’intérêt à long terme US. C’est la raison pour laquelle ce Black Friday est également connu sous le nom de ‘Krach du marché des obligations’ ou encore ‘Krach des taux d’intérêt’. Essayons de comprendre les mécanismes qui ont conduit à cet effondrement spectaculaire, le 2ème dans l’histoire des marchés actions (après celui de la bourse islandaise de 2008).

Effondrement du Dow Jones à la bourse de New York le 19 Octobre 1987

Le 19 Octobre 1987, le Dow Jones s’effondre à la Bourse de New York

Pour comprendre l’origine de ce krach, il faut se rappeler les années 1980 qui étaient caractérisées par un grande volatilité sur le marché des changes. En 1971, le monde de la finance venait de se débarrasser de sa bouée de sauvetage (la convertibilité du dollar à l’or), les accords de la Jamaïque de 1976 ayant définitivement enterré le rôle monétaire du métal jaune.

Désormais sans aucune boussole ‘aurifère’, les devises se sont mises à flotter de façon erratique les unes par rapport aux autres, générant de l’incertitude sur les marchés actions.

A cela s’ajouta une inflation galopante, nourrie par les conséquences des 2 chocs pétroliers de 1973 et 1979.

Pour enrayer l’inflation qui avait atteint des sommets (plus de 13% en 1980), le gouverneur de la FED (Paul Volcker) décida alors de remonter les taux d’intérêt de façon drastique.

L’effet est immédiat: en 3 ans, l’inflation retombe à un niveau acceptable de 3%. Mais les taux d’intérêt élevés attirent massivement les capitaux étrangers, faisant par ricochet grimper le cours du dollar à des niveaux intenables, compte tenu du montant de l’endettement US.

Le 22 septembre 1985, les américains convoquent alors leurs partenaires du G7 à l’Hôtel Plaza de New York pour les convaincre d’agir sur le cours du dollar (en mettant de côté leur politique non interventionniste qu’ils avaient prôné jusque-là !). Les Accords du Plazza sont signés (sauf par le Canada et l’Italie) et 10 milliard de dollars sont injectés pour faire baisser le cours du billet vert.

Mais le remède est si violent que la devise US s’effondre littéralement (*) et nécessite, 2 ans et demi plus tard, la convocation d’une autre réunion du G7, cette fois-ci …pour faire remonter le billet vert !

Note (*) : L’effondrement du dollar US aura des répercussion dramatique sur l’économie japonaise: à partir de 1986, les investisseurs nippons vont se dessaisir de leurs actifs en dollars pour se ruer sur des titres libellés en Yen, faisant ainsi gonfler la bulle spéculative japonaise qui conduira, après son implosion fin Décembre 1989, à un marasme qui perdure encore de nos jours.

Le 22 Février 1987, les Accords du Louvre sont signés par 6 des membres du G7 (l’Italie s’abstenant une nouvelle fois). Dans les premières années suivant l’accord, la dépréciation du dollar est contenu, mais par la suite, les intérêts des membres du G7 divergent. C’est ainsi qu’en 1990, l’Allemagne est contrainte à relever ses taux pour contrer l’inflation induite par le processus de réunification. De son côté, l’Oncle Sam diminue ses taux directeurs pour essayer de relancer son économie. Résultat : le cours du billet vert continue à baisser, ce qui oblige la Fed à augmenter considérablement le taux à long terme de ses obligations d’états (les T-Notes).

Les investisseurs sur le marché action se rendent compte que les obligations présentent désormais un ratio rendement/risques bien meilleur.

Le Lundi 19 Octobre 1987, la hausse des taux à 10 ans atteint 400 points de base, un miroir aux alouettes bien attrayant pour de nombreux investisseurs.

Et comme bien souvent c’est une rumeur qui déclenche la panique à la corbeille: le déficit de la balance commerciale US serait plus important que prévu !

Les traders procèdent alors à des ventes massives d’actifs actions, engendrant de nouvelles décisions de vente via les premiers automates boursiers qui n’étaient pas encore muni de coupe-circuits. Résultat : le Dow Jones à la bourse de New-York plonge de 22,6% en une seule journée, un record mondial pour l’époque qui ne sera dépassé qu’en 2008, lors du krach islandais..

Mais les leçons du krach de 1929 sont maintenant bien acquises et la Fed (contrairement à son ‘laisser-faire’ d’alors) décide d’agir fort et vite dès le 20 Octobre, évitant ainsi faillites et fragilisation du système bancaire : le risque systémique a été maitrisé de justesse!

Pas de crise économique non plus: dès le lendemain du krach boursier de New-York, les taux à long terme des obligations s’effondraient, donnant ainsi la possibilité au marché action de reprendre progressivement des couleurs !

Ce Lundi noir du 19 Octobre 1987 a montré de façon très limpide (très scolaire dirions-nous !) la fragilité du système financier basé sur le mécanisme des changes flottants : le déséquilibre d’un acteur (ici le taux de change du dollar) a créé l’envolée des taux obligataires, créant par ricochet le krach du marché actions (Dow Jones).