Depuis la disparition de l’étalon-or, l’épargnant n’est plus protégé
Avec la disparition définitive de l’étalon-or en 1914, puis de l’étalon de change-or en 1976 (et donc avec l’absence généralisée de contreparties en cas d’émission de nouveaux billets), le système bancaire international a finalement reporté sur le particulier la décision de mettre en place une protection individuelle en cas de krach généralisé. Nous allons voir qu’en jetant successivement aux oubliettes ces 2 mécanismes de ‘Gold Standard’, puis de ‘Gold Exchange Standard’ et en les remplaçant par un système fiduciaire basé sur la seule ‘confiance’, les dirigeants de l’époque allaient, de facto, créer les conditions de démarrage d’un nouveau marché: celui de l’or d’investissement. Et c’est sur ce marché que l’épargnant peut à nouveau trouver les conditions d’une protection efficace de son patrimoine (mais dorénavant à sa seule discrétion !).
Le Gold Standard (étalon-or) dont l’origine pourrait remonter à Isaac Newton, était pourtant un très bon outil pour lutter contre l’émission inconsidérée de monnaie (le fameux recours à la planche à billets que les états utilisent sans scrupule de nos jours et qui fait croître la dette mondiale à un rythme insoutenable). En effet, dans le système d’étalon-or de l’époque, toute production de nouvelle monnaie ne pouvait se faire qu’avec une contrepartie et une garantie d’échange en or. Les devises des pays participants à ce standard pouvaient ainsi bénéficier d’un taux de change fixe entre elles et par rapport à cet étalon-or.
Ce monde idéal (ou le patrimoine des particuliers était sécurisé de façon collective) a été remis en question avec le déclanchement de la première guerre mondiale. En effet, pour financer l’effort de guerre, puis la reconstruction, tous les pays se mettent à imprimer plus de billets qu’ils ne possèdent de contrepartie en or. Conséquences: le Gold Standard vole en éclats en 1914!
Il s’en suit une désorganisation financière mondiale et des tentatives désordonnées des états pour réguler les taux de change et pour contrôler les flux d’or entre pays.
Pour essayer de remettre de l’ordre, la Grande-Bretagne prend l’initiative en 1922 d’organiser les accords de Gênes, une conférence qui réunit tous les pays impliqués dans la guerre, à l’exception des Etats-Unis. Le souhait de revenir à une référence basée sur l’or est entériné par les participants à cette conférence et un Gold Exchange Standard (étalon de change-or) est créé pour les monnaies qui ne seraient pas convertibles en or, mais qui pourraient s’apprécier par rapport à un panier des 3 devises fortes de l’époque : le dollar, la livre sterling et le franc.
Progressivement les nations mettent en place cet étalon de change-or (le Royaume-Uni en 1925, la France en 1928), mais voilà que la grande crise de 1929 pointe son nez et rend la parité avec le métal jaune intenable : la référence à l’or est à nouveau abandonné , pays après pays !
Il s’en suit une nouvelle pagaille monétaire avec le souhait légitime des particuliers de se protéger en achetant de l’or. Mais devant le risque de pénurie, plusieurs états (incluant les Etats-Unis) interdisent purement et simplement la détention privée d’or.
C’est ainsi qu’au pays (libéral !) de l’oncle Sam, le Gold Reserve Act de 1934 prévoit une peine de 10 ans de prison et une amende de 10 000 dollars à toute personne détenant de l’or d’investissement. Plus surprenant, savez-vous que cette privation de liberté n’a été levée qu’en 1975 !
A la fin de la seconde guerre mondiale, les accords de Bretton Woods rebâtissent un nouveau système d’étalon change-or avec un billet vert directement indexé sur l’or, les autres monnaies étant quant à elles indexés sur le dollar. Plus besoin de garder des réserves en or dans les banques centrales, le gouvernement US garantissant la valeur du dollar.
Mais le déficit extérieur américain des années 1960 obligent les autorités monétaires US à suspendre la convertibilité du dollar en or en 1971.
Et en 1976, les pays du FMI signent les accords de la Jamaïque, enterrant définitivement le rôle monétaire de l’or.
Place désormais à un système basé sur la seule confiance : le Système des changes flottants qui est toujours en place à ce jour et ou le cours des devises est déterminé quotidiennement sur les marchés, indépendamment du prix de l’or.
Ainsi donc, en seulement 62 ans, nos dirigeants ont jeté aux oubliettes l’étalon-or (1914), puis l’étalon échange-or (1976), abandonnant toute forme de sécurité par rapport au métal jaune.
Tout notre système repose donc sur la confiance, avec un FMI qui essaie de faire le gendarme entre nations émettrices de monnaies-papier.
Sans protection depuis les accords de la Jamaïque (1976), l’épargnant qui a perdu confiance dans le système bancaire n’a pas d’autre choix que de se recréer une épargne de précaution pour se mettre à l’abri de toute dépréciation de ces monnaies-papier, susceptibles de fondre au soleil en cas de krach.