La mise au rébus de 2 billets (500 et 1 000 roupies) fait plus que doubler le cours de l’or en Inde

23 Novembre 2016

Nous vivons dans un monde macro-économique fragile ou toute décision hâtive (même prise avec de bonnes intentions) peut avoir des conséquences désastreuses sur l’économie d’un pays. Du jour au lendemain, souhaitant éradiquer le marché noir qui sévit en Inde, le gouvernement Modi a remplacé (moyennement obligation de déclaration) les 2 coupures les plus usitées dans le pays, celles de 500 et 1000 roupies. La pénurie de cash qui s’en est suivie est entrain de bloquer toute l’économie indienne, provoquant une hausse sans précédent du métal jaune. A peine 15 jours après la décision du gouvernement Modi, l’or se négocie à plus du double du cours officiel, dépassant la barre des 2800 dollars l’once. Une fois de plus la relique barbare joue pleinement son rôle de valeur refuge !

Le premier ministre: Narendra Modi démonétise les billets de 500 et 1000 roupies et fait grimper le cours de l’or en Inde

Narendra Modi démonétise les billets de 500 et 1000 roupies, ce qui fait monter le cours de l’or en Inde

Le secret avait été bien gardé ! Lorsqu’il s’adresse à la nation le 8 Novembre dernier,  le premier ministre Narendra Modi dévoile une mesure qui a été élaboré en petit comité, vraisemblablement avec les seuls ministre des Finances et gouverneur de la Banque Centrale Indienne. Il s’agit alors de mettre en application une promesse de campagne très louable qui a été concoctée par le parti nationaliste hindou lors des élections de 2014: lutter contre le marché noir, et le blanchiment d’argent, des procédés qui gangrènent la société indienne et qui contribuent au financement du terrorisme islamique.

La mesure phare prise ce jour-là par le gouvernement Modi consiste à supprimer tous les anciens billets de 500 et 1000 roupies en circulation, des coupures dont la valeur correspond approximativement à un peu moins de 7 et 14 euros (*) !

Note (*) : Pour mémoire, le salaire mensuel moyen en Inde dépasse à peine les 40 euros.

Plus exactement, le gouvernement indien décide que ces coupures n’auront plus court légal …dès le lendemain 9 Novembre! En moins d 24h chrono il décide ainsi de supprimer…plus de 80% de la valeur totale des billets en circulation! Une transfusion sanguine quasi-totale en l’espace d’une journée !

Bien évidemment, une solution de remplacement de ces billets devenus subitement obsolètes est mise en place : en se rendant dans leur banque, les Indiens peuvent échanger 4000 roupies (soit approximativement 55 euros !) contre des billets neufs, en coupures de 500 et 2000 roupies.

Au-delà des 4000 roupies, les anciens billets sont convertis en écriture comptable sur les comptes bancaires des usagers, rendant ainsi ‘visibles’ tous ces dépôts au fisc indien. Et pour éviter que les usagers retirent instantanément leurs nouveaux billets, le gouvernement a décidé de plafonner les retraits à 2000 roupies par compte.

Sur le papier, la mesure semble imparable: l’échange de billets et le plafonnement des retraits permettent au gouvernement d’avoir enfin la visibilité sur cette énorme économie souterraine, estimée à 20% du PIB de l’Inde, ce qui n’est pas une paille !

Mais comme bien souvent en économie  le diable se loge dans les détails.  En voulant garder la mesure secrète le plus longtemps possible, le gouvernement Modi a trop différé l’adaptation des quelques 200 000 distributeurs de billets du pays. Une reconfiguration manuelle est en effet obligatoire pour que ces derniers acceptent les nouveaux billets de 500 et 2000 roupies.

Résultat: des files interminables devant les distributeurs, des bagarres, des morts (une dizaine de personnes se seraient effondrées d’épuisement) et une économie qui tourne au ralenti faute de liquidité. Avec des effets induits qui se répercutent déjà au niveau mondial comme le prix du coton qui a pris 5% car les paysans indiens ne livrent plus leur marchandise, faute de pouvoir être payés en liquide !

Faute de cash et pour essayer de survivre, les Indiens se tournent en masse vers la seule monnaie de substitution du pays: l’or (en tout cas ceux qui en possèdent !) pour pallier aux situations les plus urgentes: alimentation, soins médicaux,…Mais comme la demande est complétement disproportionnée par rapport à l’offre accessible, le métal jaune monte, monte… jusqu’à atteindre ces jours-ci le seuil de 2800$ l’once troy, soit plus du double que le cours officiel.

Il faut dire qu’entre l’Inde et l’Or, l’histoire d’amour ne date pas d’hier. Ancré depuis la nuit des temps dans les pratiques sociales et religieuse du pays, l’or est toujours en forte demande par les particuliers, que ce soit pour accroitre son statut social ou pour couvrir de la tête au pied la future mariée de la famille. En conséquence de quoi, le pays de Gandhi est devenu le deuxième consommateur d’or au monde, juste derrière la Chine.

Déclenchée par le gouvernement Modi dans sa guerre contre le cash, cette crise de la monnaie-papier (la Roupie) a donc pour l’instant été atténuée par la mise en circulation des quelques pièces d’or (et d’argent) détenues par les familles indiennes. Mais la situation est urgente et il est impératif que les 200 000 distributeurs du pays puissent délivrer des billets au nouveau format, des billets qui sont indispensables pour la reprise d’une activité ‘normale’ dans un pays qui compte tout de même 1,3 milliards d’individus.

Réflexion : En ce moment en Inde, tout comme en d’autres lieux et à d’autres moments de notre histoire, l’or démontre (et a démontré) qu’il reste la meilleure protection contre les aléas de la vie économique. En Europe, c’est le Brexit, la situation en Syrie et la récente élection américaine qui créent de l’incertitude. Faites comme les indiens les plus prévoyants, mettez de côté quelques lingots, pièces (voir bijoux) pour vous protéger. Vous trouverez les meilleurs supports d’investissement en or chez GoldBroker, le courtier que nous recommandons à nos lecteurs.