Les dépôts de particuliers risquent d’être taxé en France, sur le modèle allemand de la Raiffeisenbank- Panique bancaire en vue?

17 Aout 2016

Dans notre article du 1er Juin, nous vous indiquions comment les banques se préparaient à briser un tabou : taxer les comptes bancaires de particuliers en essayant de réduire l’offre de cash pour éviter un bank run. Eh bien, au cœur de l’été, une banque allemande vient de briser ce tabou et annonce vouloir prélever une taxe sur les dépôts de ses épargnants. La boucle est bouclée: nous allons dorénavant devoir payer nos banquiers …pour qu’ils aient la gentillesse de garder notre argent !

Nous vivons décidément dans un monde qui marche sur la tête ! Que l’on rémunère un banquier ou une société de gardiennage pour qu’elle conserve précieusement dans ses coffres sécurisés nos lingots d’or ou nos bijoux, cela est tout à fait logique et compréhensible par tout un chacun !. Mais que l’on soit obligé de payer des taxes sur un compte de dépôt, cela devient ubuesque, surtout que ces dépôts ne sont que des écritures comptables, des 0 et des 1 inscrits sur une mémoire de masse, une monnaie fiduciaire qui n’est que virtuelle.

La banque allemande Raiffeisenbank est la première en Europe à taxer les dépôts des particuliers.

La Raiffeisenbank taxe les dépôts des particuliers

Ainsi donc, selon une communication de l’agence Reuters, une petite banque coopérative bavaroise Raiffeisenbank a pris une décision qui risque de faire tache d’huile en Europe : elle imposera une taxe de 0,4% sur les dépôts de ses clients supérieurs à 100 000 euros. Certes ce n’est que 0,4% et l’imposition porte sur des montants de plus de 100k€, mais le ton est donné : désormais, plus besoin d’attendre le dépôt de bilan (*), les banques pourront siphonner votre compte de dépôt pour se renflouer en cours d’exercice !

Note (*) : Cette décision de la Raiffeisenbank est finalement dans la continuité de la très décriée directive BRRD, applicable depuis le 1er Janvier 2016, et qui autorise les banques à puiser dans les comptes de leurs clients en cas de faillite de celles-ci.

Car c’est bien pour se maintenir à flot que cette banque coopérative allemande en est arrivée à cette extrémité,… la faute aux taux négatifs de la BCE !

En effet, pour inciter les entreprises et les ménages à emprunter, voilà plus de 2 ans que la Banque centrale pratique des taux négatifs auprès des établissements de la zone Euro qui lui sont rattachés.

Et comme de nombreuses autres institutions financières européennes, la Raiffeisenbank est obligée de déposer ses excédents de trésorerie à la BCE qui lui sert désormais un taux négatif. Plus elle dépose d’argent à la banque centrale, …plus elle perd de l’argent !

Cette situation ubuesque (taux négatifs, rendement négatif des comptes de dépôts,…) ne pourra pas tenir longtemps car elle est porteuse de graves instabilités économiques.

Pour preuve, dans le cas de la Raiffeisenbank, l’agence Reuters nous apprend que les 140 clients concernés par la mesure avaient déjà réagi, soit en souscrivant à des produits financiers de la banque (ce qui était le but de la manœuvre), soit en retirant leur argent pour le placer ailleurs, ce qui est un effet de bord que la Raiffeisenbank avait très probablement sous-estimé !

Car c’est bien le bank run qui est l’épée de Damoclès d’une telle politique ultra-accommodante !

Que pensez-vous qu’il adviendrait si la mesure prise par la Raiffeisenbank venait à se  généraliser en Europe ? Un risque évident de panique bancaire, chaque épargnant voulant retirer son argent pour ne pas avoir à payer de taxes !

En France nous n’en sommes pas encore là car les banques ont trouvé une autre solution (provisoire ?) pour se renflouer: prélever des frais de tenue de compte ! Depuis le 1er Janvier 2016, la BNP, la Société Générale et LCL procèdent de cette façon, mais risquent fort d’être désavoués par une action collective de  l’Association française des usagers des banques qui estime cette imposition illégale (décision attendue en Septembre).

Quoi qu’il en soit, si Mario Draghi persiste et signe avec sa politique ultra-accommodante de taux négatifs, il faudra bien que quelqu’un paye l’addition au final …et comme bien souvent, il y a de très forte chance que cela soit nous, les épargnants !

Pour éviter d’être spolié et puisque l’on nous incite à sortir l’argent de notre compte courant, pourquoi ne pas utiliser ce retrait pour financer l’achat de quelques pièces ou lingots d’or, une vraie monnaie qui perdure et s’apprécie dans le temps et qui, elle, n’a rien de virtuel !