Le rôle, les missions et la politique du FMI dans le monde
Le rôle historique du FMI à sa création en 1944 lors de le conférence de Bretton Woods.
Le FMI a vu le jour en Juillet 1944 lors de la célèbre conférence de Bretton Woods. A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, il s’agit alors de réguler le système monétaire international, fragilisé par le krach boursier de 1929 et par les séquelles de la Grande Dépression et de la Guerre qui s’en sont suivies. Les conférenciers aboutissent à la création d’un système d’étalon de change-or (Gold Exchange Standard en anglais) ayant pour but d’assurer une parité fixe de l’ensemble des monnaies par rapport à l’Or, dans une marge de variabilité de 1%.
Pour permettre à chacun des pays de respecter les accords de Bretton Woods, le FMI se dote d’un mécanisme de réserve à partir de « quote-parts » versées par chaque Etats, proportionnellement à son PNB et au montant de son commerce extérieur. Une fois de plus, l’or fait partie de l’équation, puisque le FMI impose que le ¼ de la quote-part versée par chaque pays sont constitué d’or, les ¾ restant étant payé en monnaie nationale. Avec ces réserves, le FMI peut ainsi prêter de l’argent aux banques centrales pour les aider à défendre leur monnaies, si celles-ci venaient à se trouver attaquées. Ce prêt était accordé avec des contreparties: l’engagement du pays bénéficiaire de mener à bien les réformes préconisées par le Fonds (autre nom donné au FMI) pour redynamiser sa monnaie nationale.
A la fin des années 60, suite à l’attaque répétée de spéculateurs contre le dollar (qui demandaient une convertibilité en or de leurs billets verts), ce mécanisme de sauvegarde allait trouver ses limites. Pour éviter de vider ses coffres, l’Oncle Sam décide tout simplement de suspendre la convertibilité du dollar en or. En 1969, le FMI propose alors de remplacer le rôle d’étalon du dollar par une nouvelle monnaie, le DTS (Droit de Tirage Spécial), une monnaie qui a toujours cours de nos jours et qui sert de support aux échanges de liquidités entre le FMI et les banques centrales.
En 1973, l’instauration d’un système de changes flottant sonne le glas des accords de Bretton Woods et de son étalon de change-or basé sur le dollar.
En 1976, les accords de la Jamaïque instaurent définitivement le flottement des monnaies, désormais libres d’évoluer les unes par rapport aux autres, soumises aux seules forces du marché et sans aucun lien avec le cours de l’Or.
Résultats : le cours de l’once qui était de 35$ en 1971 monte allègrement à 1 400$ l’once en 2011. Et le rôle du FMI vient de changer de façon drastique, puisque c’est le marché qui est maintenant le seul régulateur de la parité entre les monnaies.
Les missions du FMI depuis 1976, l’année de l’instauration du mécanisme des changes flottants
N’ayant plus à contrôler la parité entre les monnaies, le FMI se consacre alors, à partir de 1976, à son rôle de ‘pompier’ de la finance mondiale.
Qu’un pays soit au bord de la faillite et voilà le Fonds qui accours avec ses prêts pour sauver le malade. Mais attention, ce sauvetage n’est pas sans condition : les contreparties, souvent appelées de façon prosaïques : « politiques d’ajustement structurel » peuvent être si sévères que certains malades refusent de se soigner !
C’est surtout auprès des pays en voie développement que le Fonds a dû intervenir ces 30 dernières années. Ses actions dans le traitement de la dette du Tiers Monde sont notoires, avec des résultats contrastés selon les Etats (Argentine, Mexique,..) et selon les symptômes. Mais des pays développés, comme la Corée du Sud à la fin des années 1990, ont également sonné à la porte du FMI et ont pu repartir ‘bon pied bon œil’ après une cure d’austérité. Plus proche de nous, à la fois géographiquement et dans le temps, le FMI a sauvé en 2013 le système bancaire de Chypre en mettant 10 milliards de dollar au tapis.
Si ce rôle de ‘pompier’ est le plus visible dans la sphère médiatique, il n’est pas le seul affecté à la vénérable organisation dont le siège est à Washington, et site Internet le suivant : http://www.imf.org
Au-delà de sa mission de conseils aux 188 Etats –membres, le FMI a également un rôle de ’gendarme’ de la finance mondiale, sous réserve que celle-ci veuille bien être ‘gendarmée’, ce qui ne semble pas être si évident que cela! Néanmoins le FMI reste l’ultime recours en cas d’embouteillage, voire de blocages, des flux financiers sur la planète. Il doit s’assurer que tout ‘grippage’ dans un pays ou une région ne se propage pas au reste du monde (risque systémique).
Le mode de fonctionnement actuel du FMI
Le FMI comporte donc 188 Etats-membres, le dernier en date (le Soudan) ayant rejoint l’organisation le 18 avril 2012. L’influence de chaque pays est pondérée par sa quote-part, une participation financière à l’organisation, liée entre autres, au PNB du pays en question.
Un conseil d’administration du FMI gère les affaires courantes : il est composé de 24 administrateurs et du président (en fait une présidente : Christine Lagarde depuis le 5 juillet 2011 et reconduite pour un 2ème mandat de 5 ans le 19 Février 2016). Parmi les 24 administrateurs, on trouve un représentant des 8 membres permanents (États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon, Chine, Russie et Arabie saoudite), les 16 autres administrateurs étant élus par les autres pays membres.
Mais l’organe suprême du FMI est le Conseil des Gouverneurs, composé d’un gouverneur et d’un gouverneur suppléant par État membre. Ce Conseil se réunit une fois par an, à l’occasion de l’Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale.
Les décisions importantes du FMI sont généralement prises en concertation avec la Banque Mondiale au sein d’un « Comité de développement » regroupant les 2 institutions.
Le nerf de la guerre du FMI, ce sont ses réserves en DTS, les Droits de Tirages Spéciaux dont nous avons parlé précédemment, mais également en or (*). Mais pour compléter ses réserves, particulièrement en situation de crise, le FMI peut recourir à des emprunts auprès de ses États-membres.
Note (*) : Savez-vous que le FMI est le 3ème plus grand détenteur des réserves d’or de la planète, derrière les USA et l’Allemagne. Au 1 Janvier 2016, si l’on en croît le WGC, il détiendrait 2 814 tonnes sur les 32 702 tonnes d’or répertoriées à ce jour dans les Banques Centrales
La politique monétaire, souvent controversée, suivie par le FMI
On ne se revendique pas pompier et gendarme de la finance mondiale sans s’attirer quelques critiques, voire quelques virulentes oppositions. Et de côté-là le FMI est plutôt bien servi !
Si tout le monde est d’accord pour encourager le FMI dans son action d’aide aux banques ou aux pays en difficulté, c’est bien évidemment sur les contreparties à ces aides qu’il y a débat.
Grosso-modo, la politique conduite par le FMI est presque toujours la même : réduction du poids de l’état avec privatisation de nombreuses entreprises, ouverture du pays à la concurrence internationale, libéralisation du marché du travail, augmentation des impôts pour rétablir l’équilibre budgétaire. Cette politique est souvent qualifiée de « Consensus de Washington » en référence aux grandes institutions installées dans cette ville (FMI, BM, OMC) et qui sont globalement d’accord avec ces méthodes très libérales.
Le problème c’est que les effets de bord d’une telle politique sont souvent inacceptables pour les populations concernées (chômage, précarité,..). De plus, certain pays supportent mal de se voir dicter une politique économique depuis Washington.
Mais il y a pire : les antimondialistes, rejoins par certains économistes libéraux, considère que dans certains cas, la politique préconisée par le FMI a été pire que le mal : elle aurait aggravé la crise ! C’est l’Argentine qui est souvent citée pour illustrer ce dysfonctionnement. En 1998, au bord du gouffre pour avoir malencontreusement liée sa monnaie au dollar américain, le pays natal de Lionel Messi va frapper à la porte de la vénérable institution. En l’espace de 4 ans, pas moins de 7 plans d’austérité sont mis en place pour un total cumulé de 21,6 milliards de dollars…conduisant à un dépôt de bilan de l’état argentin en Décembre 2001 ! Un fiasco !
Le FMI a également été critiqué dans sa gestion de la crise asiatique de 1997 ou sa doctrine budgétaire conventionnelle a été jugée inappropriée par de nombreux analystes. De plus, ses actions ont été trop interventionnistes, portant sur des sujets qui auraient dû rester à la main des pays assistés, comme les structures des entreprises, les politiques fiscales, les règles d’importation,…
Mais pour répondre à notre questionnement du début : Oui, le FMI sert à quelque chose !. Avec ses 2700 employés, il apporte quotidiennement des solutions satisfaisantes à de nombreux problèmes financiers qui surgissent ici ou là à travers le monde. L’institution a su également se reformer pour prendre en compte la montée en puissance des BRICs : 6% des quotas (qui ouvrent des droits de vote) ont ainsi été transférés en 2010 aux pays émergents.