Le Yuan baisse et l’Or monte comme dans un jeu de balançoire
17 Août 2015
Même si l’empire du milieu ne veut surtout pas parler de dévaluation, les 3 modifications successives du prix pivot du yuan de la semaine dernière ont de facto entrainé une dépréciation de 2,9% de la monnaie chinoise, la plus forte baisse hebdomadaire par rapport au dollar, depuis l’instauration en 2005 du système de change actuel (*).
Note (*) Pour rappel, un système de change semi-encadré a été mis en place par la PBOC en 2005, la banque chinoise fixant quotidiennement depuis cette date un cours pivot pour sa devise, pivot autour duquel le yuan ne peut pas varier de plus ou moins 2 %.
A cette dévaluation (qui n’ose avouer son nom) du mois d’août, se rajoute la déprime profonde du marché boursier chinois qui a perdu 30% de sa capitalisation en un mois. La faute aux trop nombreux comptes de marges encouragés par la PBOC pour financer la croissance. Avec le retournement de la conjoncture de ce début d’année, ces emprunts à effet de levier important (X2), mettent dans la difficulté les 85 millions de chinois qui ont investi en bourse et qui ne peuvent rembourser leurs emprunts.
Comme il fallait s’y attendre, les épargnants chinois ont donc commencé à regarder du côté de l’or physique pour se prémunir contre une dévaluation qui cache bien son nom (pour l’instant) mais qui risque surtout d’empirer dans les jours à venir. En effet, en temps de crise, l’or a toujours été la valeur refuge privilégiée par les chinois.
Le cours spot du métal jaune a atteint jeudi dernier son plus haut niveau en 3,5 semaines, à 1.127 dollars l’once.
Cette situation nous semble préoccupante, aussi bien pour les ménages chinois que pour la bonne santé de l’économie mondiale. En substance, elle pourrait être plus dommageable à terme que la crise grecque.
Mais certains analystes considèrent au contraire, qu’en réajustant sa monnaie, la Chine ne fait que répondre à un besoin pressant (améliorer ses exportations pour relancer le moteur de la croissance) et rajouter ainsi de la transparence à son système financier, bien trop opaque jusqu’à ce jour.
De la même façon, après 6 ans de mutisme total, et dans un même élan de visibilité et de gage donné aux marchés, la PBOC vient de publier, pour la 2ème fois en 1 mois, le niveau de ses réserves d’or.
Qu’apprend-on dans cette publication ? Que les réserves d’or chinoises ont progressé de 1,1% en 1 mois, atteignant les 1677 tonnes. Cette information a été bien accueillie par les marchés, en comparaison de celle du mois dernier ou les observateurs avaient été déçu d’apprendre que la valeur du stock chinois n’était que le tiers de ce qu’ils attendaient.
Ainsi donc, en se rapprochant des mécanismes financiers en usage dans le monde occidental, la Chine continue sa danse de séduction pour essayer de rejoindre les 4 autres monnaies qui font références au FMI (dollar, livre sterling, euro et yen).
L’organisation présidée par Christine Lagarde a plutôt bien réagi aux 2 mesures de la semaine dernière (dévaluation du yuan et nouvelle publication des réserves d’or), mais sans donner d’indication sur sa décision, attendue en Novembre, d’accepter (ou non) le Yuan dans le panier des devises de références du FMI (DTS ).
Notre analyse : Vu la profondeur de la décélération de l’économie chinoise, il est fort probable que la PBOC sera contrainte, dans les jours et semaines à venir, à diminuer de nouvelles fois le cours pivot de sa devise. La conséquence de tout cela étant un appétit supplémentaire des chinois pour les métaux précieux en général et pour l’or en particulier qu’ils considèrent pardessus tout comme étant un bon placement.
Sauf nouvelle manipulation des cours de l’or, nous devrions donc voir celui-ci progresser à nouveau et atteindre des sommets conséquents d’ici la fin de l’année.
Notre conseil : Achetez de l’or au taux actuel avant que la demande chinoise n’explose pour cause de dévaluation du Yuan et ne fasse grimper les cours à un taux inabordable.
Attention de ne pas acquérir d’ETF or (trop risquées) mais bien de l’or physique (barres, lingots ou pièces), le seul à vous assurer une assurance tous risques en cas de krach majeur.