Pourquoi les Banques Centrales veulent-elles faire repartir l’inflation à tout prix ?
18 Octobre 2017
Souvenez-vous de « L’Emission politique » du 28 septembre sur France 2. Ce jour-là le premier ministre Edouard Philippe passait son grand oral pour essayer de convaincre les français de la justesse des choix politiques impulsés par Emmanuel Macron. Selon nous, le point fort de cette émission est intervenu en toute fin de séquence avec l’arrivée sur le plateau de France Télévision de l’invité surprise : Thierry Breton, le PDG du groupe Atos. L’ancien ministre de l’économie a posé au premier ministre une question cruciale pour l’avenir de l’hexagone :
‘Que pense faire le gouvernement pour réduire le poids de la dette publique ?’, qui, a-t-il rappelé, a atteint 96% du PIB en 2016.
Après avoir imputé cette dérive aux politiques publiques menées durant les mandatures de Sarkozy et de Hollande, l’ancien maire du Havre a pris l’engagement de réduire de 5 points cet endettement sur la durée du quinquennat Macron, ce qui porterait donc à 91% du PIB la dette de la France à l’horizon 2022.
Et l’ancien ministre de l’économie des gouvernements Raffarin puis Villepin de rappeler que les critères de Maastricht imposaient aux états membres de l’UE un taux de dette publique …inférieur à 60% !
Mais au-delà des purs critères de convergence européens (qui seraient bafoués une fois de plus par la France), l’ancien patron de Thomson et de France Telecom a pointé du doigt le risque que la remontée des taux (qui se profile à l’horizon) allait faire courir au budget de la nation. Si les obligations d’état (qui sont proches de 0 actuellement) retrouvaient leurs taux de 2007 (4%), la charge annuelle de la dette passerait des 45 milliards actuels à plus de 100 milliards d’euro, une charge insoutenable pour les français à qui on pourrait demander un doublement de leurs impôts !!!
Cet endettement de la France n’est malheureusement pas le seul en Europe. La Grèce, l’Italie, le Portugal, Chypre, la Belgique, l’Irlande et l’Espagne sont encore plus endettés que l’hexagone. Pour les 19 pays membres de la zone euro, le total cumulé de l’endettement public atteignait les 89% du PIB en 2016.
Cette fuite en avant, qui hypothèque le devenir des générations futures, ne peut être résolue que par un tour de passe-passe indolore bien connu des économistes : la remontée de l’inflation.
Dans ces conditions on comprend mieux les tentatives désespérées de Mario Dragui pour essayer de faire repartir l’inflation dans la zone euro
Malheureusement, malgré la mise en place d’une politique accommodante très (trop ?) ambitieuse de la BCE (et fort décriée par de nombreux experts), cette inflation n’arrive pas décoller !
Elle reste scotchée à 1,5% alors que les économistes de la BCE estiment que 2% serait le taux idéal pour éponger progressivement le fardeau de la dette, sans provoquer de crises sociales.
Cette situation d’endettement en Europe n’est malheureusement pas la seule sur la planète. Le 12 Octobre 2017, par la voix de sa présidente Christine Lagarde, le FMI vient une nouvelle fois, de tirer la sonnette d’alarme : la dette mondiale a atteint le chiffre record de 135 000 milliards de dollars, soit plus de 2 fois le PIB des pays du G20.
Le FMI craint l’effet dévastateur que pourrait provoquer une remontée des taux consentis par les banques centrales. Du jour au lendemain, certains états pourraient devenir insolvables, précipitant ainsi l’économie mondiale dans une crise plus grave que celle de 2008.
Devant ce risque systémique qui se profile à l’horizon, nul doute que Mario Dragui va très certainement continuer sa politique accommodante de rachats d’actifs (en flux de 60 milliards d’euro par mois actuellement), seule solution selon lui, pour faire repartir l’inflation à la hausse. Décision attendue le 26 Octobre lors de la prochaine réunion de politique monétaire de la zone Euro.