Taux d’Intérêt Négatifs sur le Livret A : Blague Belge ou Vrai Danger?

7 Mars 2016

Vue de côté-ci de l’hexagone, la question suivante : « Que feriez-vous de votre argent si les taux des livrets d’épargne devenaient négatifs ? » ressemble plus à une ‘mauvaise’ blague belge qu’à un sondage professionnel. C’est pourtant la très sérieuse question qui vient d’être posée par l’institut de sondage CheckMarket pour « L’Echo » auprès de 600 Belges. Ne vous y trompez-pas, si de genre de sondage voit le jour, c’est que le lobby financier se prépare à taxer notre épargne en général et notre Livret A en particulier. Voyons quels sont les dangers de ces taux d’intérêt négatifs qui se préparent et comment se protéger.

Attention danger avec les taux d’intérêt négatifs

Les dangers des taux d’intérêt négatifs

Commençons par revenir à notre blague belge (qui n’en est malheureusement pas une !)

A la question « Que feriez-vous de l’ argent de votre compte épargne? », la réponse de nos voisins belges est riche d’enseignement : 2 belges sur 3 retireraient la totalité de leur épargne pour se lancer en bourse (30%) ou encore pour acquérir de l’immobilier (23%). Quant à dépenser l’argent pour des biens de consommation courante , ils sont 11% à envisager cette possibilité.

Ainsi donc, voilà comment la sphère financière espère relancer la consommation des ménages : en taxant notre épargne ! Il faut dire que tous les plans de relance de la BCE et toutes les politiques d’assouplissement monétaires n’ont pas permis à ce jour de faire repartir la consommation en zone euro. Si les épargnants sont encouragés (via des taux négatifs) à retirer leurs économies de la banque, une partie de cette épargne (11% nous dit ce sondage belge) sera injectée dans l’économie réelle pour soutenir la croissance. Et si la croissance repart, alors il y a de forte chances que l’inflation reparte elle aussi légèrement à la hausse (2% visé) , permettant de réduire sans trop de douleur, l’énorme dette accumulée depuis des lustres. Tel est donc le plan que semble préparer nos stratèges financiers de Bruxelles !

Ces taux d’intérêt négatifs sont-ils un phénomène nouveau ?

Pour le commun de mortels, le taux d’intérêt négatif est quelque chose d’incompréhensible! Imaginez un peu : Vous déposez de l’argent chez votre banquier …qui vous en rend moins lorsque vous souhaitez retirer vos économies !

Cela apparait inimaginable, surtout lorsque l’on sait :

A notre connaissance, les premiers taux négatifs sont apparus à la fin des années 1970 : pour luter conte l’appréciation du franc suisse, la BNS a dû intervenir massivement et offrir, pendant plusieurs jours, des taux au jour-le-jour négatifs.

Mais c’est surtout après la crise économique de 2008 que l’on voit croitre ces mécanismes étranges de spoliation de l’épargne : en 2009, pour inciter les banques à octroyer des prêts aux entreprises, la banque centrale suédoise impose un taux négatif sur ses dépôts ; en 2012, c’est l’Etat français qui y a recours pour un placement de ses obligations à court terme.

Autre exemple récent : pas plus tard que fin Janvier de cette année, après 15 ans de politiques accommodantes infructueuses, la BoJ a fixé son taux de dépôt à -0.1%, …dans l’espoir de voir enfin repartir l’inflation au pays du soleil levant !

Enfin nous devons citer les obligations d’état de ce même Japon ainsi que de nombreux pays du vieux continent : un quart des obligations des Etats de la planète seraient entachées de taux négatifs ! Le monde marche sur la tête : ce sont les pays qui empruntent qui reçoivent des intérêts sur leurs emprunts !

C’est comme si vous prêtiez de l’argent à un copain et que vous lui versiez tous les ans un petit supplément …parce qu’il est bien gentil d’accepter votre prêt ! Décidemment, les économistes ne sont plus dans la vraie vie !

Mais quel est finalement le danger de ces taux négatifs ?

Attardons-nous un peu sur l’aspect ubuesque cité ci-dessus : vous êtes prêt à offrir un petit supplément à votre copain chaque année parce qu’il est bien sympa d’avoir accepté votre prêt.

Oui, mais la contrepartie, c’est que vous avez confiance en votre copain : le jour où vous voudrez retirer votre argent, vous êtes sûr de pouvoir le récupérer ! Alors que si vous aviez prêté à un total inconnu, vous courriez le risque de ne pas revoir vos fonds.

La morale de cette histoire : pour faire simple, les banques préfèrent acheter des obligations d’états affichant un léger taux négatif, plutôt que d’investir dans des actifs boursiers très volatiles et risqués (voir la chute des actions de ce début d’année, même si des corrections sont en cours !)

Si le phénomène de taux négatifs perdure, il va fragiliser à terme les institutions financières. Et tout indique que cette pression sur les taux n’est pas prête de s’arrêter : les politiques accommodantes devraient se poursuivre, tout au moins dans la zone euro (attendons la réunion de Jeudi de Mario Draghi) et les forces déflationnistes ne vont pas disparaître over-night : prix du baril à la baisse et chute des matières premières suite au marasme de la consommation mondiale (principalement chinoise et pays émergeants).

Mais de notre point de vue, le risque majeur de ces taux négatifs qui s’éternisent, c’est bien le risque de bulles spéculatives à venir sur l’immobilier et en bourse. Revenons-en à notre sondage belge (qui n’était pas une blague !). Que disent vouloir faire les interviewés de leur épargne: l’investir en bourse (30%) ou dans l’immobilier (23%). Inutile de vous faire un dessein sur les perspectives spéculatives qui nous attendent !

Comment lutter contre ces perspectives déprimantes sur les taux ?

Pour se protéger contre cette spoliation de l’épargne qui se profile devant nous, il reste :

Stocker du liquide à la maison est une solution court terme, très risquée si l’inflation repart. En effet, s’il a l’explosion d’une bulle spéculative comme celle des dot.com au début des années 2000, l’inflation risque de monter en flèche …et la valeur de votre épargne de fondre au soleil !

Alors qu’avec la relique barbare (à condition d’être le seul propriétaire d’un stock d’or physique entreposé en dehors du système bancaire) vous êtes à la fois protégé contre la faillite et contre l’inflation. Avec le risque systémique qui s’accroit , de nombreux conseillers financiers suggèrent désormais à leurs clients d’augmenter la part en or de leur patrimoine, au-delà des 10% généralement pratiqués. Et vous, que pensez-vous faire pour vous protéger de ce danger apporté par des taux négatifs?