Comment a pu se produire le krach boursier de 1929 et quelles ont été les conséquences?
Le Krach boursier de 1929, encore appelé ‘Jeudi Noir’ est sans aucun doute le krach le plus spectaculaire connu à ce jour. En une petite semaine (du 24 et 29 octobre 1929), ce krach à la bourse de New York a été le point de départ de la plus gigantesque crise économique du XXème siècle (la Grande Dépression), laquelle conduira, ni plus ni moins, qu’au déclenchement de la 2ème guerre mondiale ! Avant de parler des conséquences de ce cataclysme planétaire, nous allons essayer de comprendre pourquoi et comment un tel krach a pu se produire ?
Une bulle spéculative boursière à l’origine du krach de 1929
Avez-vous remarqué qu’un krach se produit toujours quand tout va très (trop !) bien dans le paysage économique ? C’était particulièrement vrai au début des années 20 aux USA.
L’Amérique venait de sortir vainqueur de 14-18 après avoir fait tourner à plein ses usines pour soutenir l’effort de guerre. Le conflit étant terminé, c’est la production agricole et industrielle qui s’envolent alors, les entreprises de l’Oncle Sam étant boostées par la demande intérieure et par les énormes besoins de reconstruction en Europe.
Pour être en mesure d’octroyer des prêts à leurs clients (entreprises et particuliers), les banques se lancent alors dans un vaste plan de collecte de liquidités auprès des épargnants américains. C’est l’envolée de l’actionnariat populaire outre-Atlantique, avec un enjouement de plus en plus intense pour les actifs boursiers: on considère que 1.5 millions d’américains (sur une population de 123 millions) étaient détenteurs d’actions avant le krach.
Quelle est la nature de l’épingle qui a fait exploser la bulle de 1929 ?
De la même façon que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, les bulles finissent toujours par éclater!
Au début de 1929, la croissance économique US commence à montrer des signes de faiblesse.
Le ménage américain moyen est suréquipée, ce qui freine la consommation intérieure. Les efforts de reconstruction de l’Europe se terminent, faisant gonfler les stock des usines US qui n’avaient pas suffisamment anticipé une baisse de la demande.
Du coup, les investisseurs se dessaisissent de leurs actions sur les firmes américaines pour chercher des relais de croissance ailleurs et particulièrement en France ou Raymond Poincaré a réussi à instaurer une stabilité monétaire attrayante. En effet, la dévaluation du franc en 1928 a remis les pendules à l’heure et l’hexagone pouvait s’enorgueillir alors d’un taux de croissance de 5% en moyenne sur la période 1924-1929, ce qui était supérieur aux taux US.
L’épingle fautive (celle qui allait faire exploser la bulle !) est donc tout simplement la perte de confiance soudaine dans un modèle boursier américain qui jusqu’à présent était orienté exclusivement à la hausse. Tout à coup, les investisseurs s’aperçoivent que leurs titres portant sur des actifs US pourraient baisser…et c’est la panique qui s’installe : tout le monde veut vendre en même temps ses actions à la bourse de New-York!
Le Jeudi noir du 25 Octobre 1929 est à la finance mondiale ce que le 14 Juillet est à l’histoire de France
Si on vous demande de citer une seule date dans l’histoire de France, vous retiendrez très certainement le 14 Juillet 1789, le jour de la prise de la Bastille. Eh bien, pour les financiers, la date mémorable à retenir est bien celle du 25 Octobre 1929, le jour ou la bourse de New-York s’est effondrée. Ce ‘Black Thursday’ allait en effet générer un tsunami aux conséquences inimaginables, la plus dramatique étant le déclanchement de la 2ème guerre mondiale.
Mais voyons comment s’est déroulée cette journée noire à Wall Street?
La veille du krach, un mouvement de vente avait secoué la corbeille: 2 millions et demi d’actions (portant essentiellement sur des titres US) avaient été cédées, cette vente étant très vraisemblablement liée aux perspectives d’achats d’actifs britanniques suite à un relèvement du taux d’escompte de la Banque d’Angleterre.
A l’ouverture de séance, ce 25 Octobre 1929, les traders sont donc particulièrement fébriles et il suffit d’une simple rumeur (prise de bénéfices infondée de gros investisseurs) pour qu’un début de panique s’installe, entrainant une baisse de 10%. Les banques se concertent entre elles et passent des ordres d’achat pour essayer de faire remonter les cours, mais la manœuvre échoue, amplifiant la baisse.
Cette séance mémorable de cotation à Wall Street se terminera avec une vente de 13 millions d’actions et un recul de 13% pour la seule journée de ce Jeudi noir.
Pourquoi le gouvernement US n’est pas intervenu en 1929 pour sauver Wall Street ?
Les journées qui suivent le Jeudi noir ne sont guère plus réjouissantes avec un processus qui continue sa spirale infernale: la vente des titres entraine la baisse des cours, générant de nouvelles ventes ! En 3 semaines, c’est plus de 40% de capitalisation boursière de Wall Street qui est partie en fumée !!! Si un consortium de banque réunis autour de la banque Pierpont Morgan a bien essayé d’enrayer la crise, il n’en a rien été du côté des autorités fédérales américaines.
En effet, il y a à peine 7 mois que le président républicain Herbert Hoover a été élu (il a pris ses fonctions en Mars) et son administration est partisante du laisser faire. La doctrine libérale est alors à son paroxysme: selon cette doctrine, ce sont les seules forces du marché (offres et demandes) qui doivent réguler l’économie et l’Etat doit rester en retrait. Résultat : le président américain ne fait rien pour sauver Wall Street, ce qui lui vaudra de recevoir le surnom de ‘Mr Do nothing !’ par l’opposition démocrate.
Les conséquences du krach boursier de 1929
L’économie américaine est sortie exsangue de la crise de 1929 et les américains cherchent un salut en élisant en 1932 le démocrate Franklin Roosevelt pour remplacer le républicain Hoover.
Fini la timidité sur l’interventionnisme de l’état: Roosevelt met en place un nouvelle politique qui sera baptisée ‘ New Deal’ et qui interviendra fortement sur les marchés, en injectant des liquidités à tout va. Certes, avec un chômage atteignant le 1/4 de la population active, il y avait urgence à faire quelque chose. !
Mais le plan de Roosevelt arrive trop tard, car l’implosion de la 1er puissance économique mondiale (en 1932, les US représentent presque la moitié de la production industrielle de la planète) a créé une onde de choc qui se propage à tout le monde développé et qui touche plus violemment encore les pays en voie de développement. Le chômage continue d’augmenter et les protectionnisme s’envole : en 1934, le commerce mondial a chuté de 40% par rapport à son plus haut niveau d’avant crise.
Le moral est en berne, la criminalité et le racisme augmentent, le taux de natalité s’effondre …et les recrutements du parti nazi s’envolent en Allemagne.
Bref, le plus grand krach boursier du 20ème siècle allait générer la plus grande dépression économique jamais endurée par les peuples, elle-même génératrice d’idées extrémistes ayant conduit au déclenchement de la 2ème guerre mondiale. Et il faudra attendre 25 ans avant que les indices boursiers de Walll Street reviennent à des niveaux comparables à ceux d’avant-crise !
Quant aux retours d’expériences du krach de 1929, elles sont encore bien présentes de nos jours dans les politiques menées par les banques centrales. Ben Bernanke, ancien président de la Fed, n’avait-il pas fait sa thèse d’étudiant sur les bénéfices escomptés d’une politique d’assouplissement (avec émission de papier monnaies pour facilite l’accès au crédit), …à 180 degrés de la conduite orthodoxe menée par la banque centrale en 1929 ?
Que ce soit son prédécesseur Alan Greenspan, lui-même lorsqu’il était aux commandes ou l’actuelle Janet Yellen, tous les présidents (es) de la Fed sont convaincus (es) que la seule voie de salut en cas de crise économique majeure (genre krach de 1929) est le recours à une politique de Quantitive Easing, ouvrant en grand l’accès au crédit illimité et à taux zéro.
Seul problème, cette fuite en avant creuse inexorablement le montant de la dette publique mondiale, une nouvelle bulle tout aussi inquiétante qui n’arrête pas de gonfler … inexorablement !