Syndrome Volkswagen : Les stress test financiers européens peuvent-il être truqués ?

16 Octobre 2015

Les test de résistance pratiqués dans le domaine bancaire ne sont pas nouveaux. Au début des années 90, ils sont mis en place par les grandes institutions financières des pays développés pour évaluer leur résistance à divers scénarii économiques défavorables: augmentation de l’inflation, du chômage, des taux d’intérêt, du prix du baril de pétrole….

Les résultats de ces stress tests étaient gardés précieusement en interne et permettaient aux grandes banques de quantifier leur exposition aux risques et de prendre d’éventuelles mesures correctives (comme l’augmentation de leur fonds propres par exemple).

Mais tout a changé avec la crise des subprimes de 2007. Pour éviter une nouvelle débâcle bancaire similaire à celle générée par la faillite de Lehman Brothers, les institutions financières étatiques (FED, BCE,…) ont imposé à la quasi majorité des banques de leur juridiction de recourir à des stress test codifiés dont les résultats …seraient dorénavant rendus publics.

C’est ainsi que pour l’Europe, des stress tests ont été élaborés par l’EBA, l’Autorité Bancaire Européenne. Les derniers résultats datent de la campagne de test de 2014 et les prochains sont programmés pour 2016.

Nous allons revenir sur les résultats des stress tests de 2014 et à la lumière du scandale Volkswagen, nous essayerons de voir s’il y avait des risques de tromperie à l’époque et si ces risques sont toujours présents pour la campagne de test de 2016.

Peut-on voir apparaitre un scandale à la Volkswagen sur les stress tests bancaires ?

Stress Tests: comme Volkswagen?

Quels ont été les résultats de la campagne des stress test de 2014 ?

Commençons pas regarder la synthèse des stress test de 2014 :

« Les tests de 2014 ont porté sur 130 banques représentant 85% du système bancaire de la zone Euro. Et sur ces 130 banques passées au crible des critères de la BCE, 25 banques ont échoué, les établissements français affichant 100% de réussite. Le taux de succès global des stress tests de 2014 a donc atteint 82%, ce qui a paru acceptable aux yeux des principaux acteurs économiques ! Les banques n’ayant pas réussi leur examen étaient principalement italiennes et ont eu 9 mois pour redresser leur situation, à savoir: augmenter leurs fonds propres. »

A lire cette synthèse, le système bancaire européen semble ‘baigner dans l’huile’ et pourtant, à y regarder de plus près, nous devons, plus que jamais, nous demander quelle est la vrai utilité (voire sincérité) de ces tests ? La BCE n’est-t-elle pas en train de nous enfumer comme Volkswagen a pu le faire en son temps avec ses logiciels anti-pollution truqués ?

En quoi les stress tests financiers sont-ils différents des test de pollution de Volkswagen

Que ce soit dans le domaine de la physique, dans celui de la finance ou dans les contrôles anti-pollution, faire un test consiste dans tous les cas à appliquer un stimuli à l’entrée d’un DUT (Device Under Test) pour mesurer un paramètre en sortie de ce même DUT.

C’est ainsi que pour les essais anti-pollution de Volkswagen, le DUT représente la voiture sous test et le stimuli le carburant diesel consommé qui produit du C02 et autres particules fines, ces fameux paramètres de sortie polluants que l’on se doit de mesurer avec la plus grande précision …et honnêteté !

Dans le cas des stress tests financiers, le DUT symbolise la banque qui doit survivre à des scénarios de test plus ou moins complexes élaborés par des experts. Ici, le problème ne vient pas de la mesure (il est assez facile de savoir si une banque va faire faillite ou pas en analysant son bilan), mais de la représentativité des stimulis appliqués en entrée.

En effet, le résultat d’un stress test peut être drastiquement différent selon la nature des paramètres que l’on applique. Toute la question réside donc dans la capacité des experts à élaborer un scénario de crise représentatif. Citons pour exemple les scénarios retenus pour les stress test de 2010 qui avaient conclu à une bonne résilience des banques irlandaises…jusqu’à ce que celles-ci fassent faillites, l’une après l’autre, à peine le test terminé !

Autre grande différence : les résultats désormais publics des stress tests peuvent conduire à fragiliser le DUT (la banque). C’est comme si la mesure d’un taux de CO2 élevé pouvait endommager le moteur diesel de la voiture !

En effet, tout le système bancaire est basé sur la seule confiance : si la BCE venait à publier des résultats catastrophiques pour une banque, les partenaires et clients de cette banque prendraient peur et aggraveraient de facto la situation, alors que le but des tests est justement de prévenir la crise… et non de l’aggraver !

Comment être sûr que les stimulis des stress tests bancaires sont bien représentatifs ?

Vous l’avez compris, le scandale à la Volkswagen ne peut pas se reproduire avec les stress test bancaires. Tout au moins, cela ne serait pas des résultats truqués qui poseraient problèmes.

En effet, pour éviter la prochaine crise bancaire, toute la difficulté consiste à trouver des scénarios représentatifs ! Et bien malin celui qui prédira le prochain Lehman Brothers ou l’éclatement de la future bulle spéculative ! Nous avons cités plus haut le camouflet des tests 2010 sur les banques irlandaises, mais d’autres exemples existent à profusion, comme l’incapacité de prédire la faillite, à l’été 2014, de la première banque portugaise Banco Espirito Santo.

Depuis l’abandon définitif de du rôle monétaire de l’or aux accords de la Jamaique de 1976, auquel à succédée l’envolée de la dette mondiale, nous sommes rentrés dans un monde particulièrement instable qui peut basculer à tout instant dans le chaos. Certes, ces stress tests bancaires sont un pas dans la bonne direction (et les experts tiennent compte du retour d’expérience de 2014 pour préparer les test de 2016), mais ils seront incapables, selon nous, d’éviter le prochain krach financier.

Pour le particulier, la seule alternative à ce scénario catastrophe est de se constituer une épargne sonnante et trébuchante, de préférence en métaux précieux. Investissez une part de votre patrimoine (5 à 10%) dans de l’or physique : cela vous permettra de dormir plus profondément et d’aborder le futur avec plus de sérénité.