La Chine lance son propre fixing du cours de l’or (en yuan) à la Bourse de Shanghai

19 Avril 2016

« On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! » Premier producteur et consommateur d’or au monde, la Chine ne pouvait pas continuer indéfiniment à se référer aux fixings de Londres ou de New York. Souhaitant participer à une évaluation objective du métal précieux et augmenter ainsi son emprise sur la finance mondiale, l’Empire du Milieu vient de lancer, ce Mardi 19 avril 2016,  sa propre cotation du métal jaune. Le premier cours officiel de ce fixing de Shanghai a été établi à 256,92 yuans le gramme, ce qui représente 1234,5 dollars l’once d’or.

La bourse de Shanghai fixe le prix de l’Or en Asie

Fixing chinois du cours de l’Or à Shanghai

Ainsi donc, discrètement mais surement, la Chine étend son influence sur l’économie de la planète. En marge des cérémonies d’ouverture de ce premier fixing asiatique, Pan Gongsheng, le président de la PBoC (Banque Populaire de Chine) , aurait déclaré :

« L’événement d’aujourd’hui marquera d’une pierre, le début de l’influence du Renminbi sur le cours de l’or !».

En Juin 2015, la Bank of China avait réussi à s’imposer dans le club très fermé des grandes banques qui fixaient jusqu’alors le prix de l’or à Londres. La PBoC avait ainsi rejoint les “Golden Five” : Deutsche Bank, Société Générale, HSBC, Scotia Mocatta et Barclays Capital. Elle est ainsi devenue la première banque asiatique à prendre part au fixing du LBMA.

En Décembre 2015, c’était au tour du Yuan d’intégrer le panier des DTS (Droits de Tirage Spéciaux) du FMI,  portant la monnaie chinoise à hauteur de 10,9% de l’ensemble, reléguant les monnaies historiques du panier à des taux de 8,33% (Yen) ou même 8,09% (Livre Sterling).

Mais la Chine a des ambitions démesurées à l’image de la place (désormais, la 1ère!) qu’elle occupe sur la scène économique mondiale. Le niveau de vie des populations à beaucoup progressé, faisant de l’Empire le premier acheteur d’or, devant l’Inde. Participer au fixing de l’or à Londres c’est bien, mais disposer de son propre système de fixation c’est mieux ! C’est ainsi qu’est né le fixing de Shanghai, déterminé à partir des estimations de 18 participants parmi lesquels on trouve des banques chinoises, mais également des joaillers, des sociétés minières ou de simples entreprises asiatiques.

Si les stocks d’or détenus dans le monde sont difficiles à évaluer, les réserves de la Chine ne font pas exception et ont été longtemps tenues secrètes. Le voile a été levé fin 2015 avec la publication par la PBoC des réserves accumulées par l’empire du milieu. Avec 1743 tonnes sur un total de 32 702 tonnes répertoriées au niveau mondial (au 1/1/2016), celui-ci se placerait à la 6ème  position des pays détenteurs d’or recensés par le WGC, le Conseil Mondial de l’Or. Il s’agit ici des seules réserves « officielles » de la PBoC et des autres banques centrales de la planète. Certains analystes considèrent que les stocks réels pourraient atteindre 5 fois ces montants déclarés !

En ces périodes d’incertitudes économiques avec une activité en net ralentissement et des économies occidentales et japonaises exsangues dopées au Quantitative Easing, il était devenu indispensable à l’Empire du Milieu de mettre la main sur la fixation des cours du métal jaune et de maitriser ainsi le montant de ses réserves souveraines.

Voilà donc chose faite avec cette cotation de Shanghai qui va inévitablement concurrencer le fixing de Londres et de New York. S’il ne s’agit pas pour l’instant de recréer un étalon-or à la chinoise, il s’agit bien d’exclure le dollar du mécanisme de cotation de l’or, tout au moins en Asie. L’Inde toute proche, pourrait très vite rejoindre cette plateforme boursière. Attendons de voir comment cette nouvelle concurrence s’organise et qu’elles en seront les répercussions sur les cours de l’or à Londres et à Shanghai !

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