Comment les taux négatifs de la BCE risquent-ils de déclencher la prochaine faillite des banques ?
8 Septembre 2016
En Mars dernier nous nous étions fait l’écho d’un sondage, pour le moins surprenant, qui avait été réalisé par le cabinet CheckMarket auprès d’épargnants belges. Nos voisins avaient été interrogés sur leur comportement en cas de velléité de taxation de leur épargne par les banques.
« Que feraient-ils si, du jour au lendemain, celles-ci venaient à appliquer des taux négatifs sur leurs dépôts ? »
Ce sondage, que nous avions qualifié de ‘cocasse’ à l’époque, montre bien que le sujet de la taxation des comptes des particuliers est sensible et que les banques hésitent encore (pour combien de temps ?) à l’appliquer à grande échelle à leur clientèle privée. Car les diverses politiques accommodantes européennes et autres taux négatifs de la BCE ont littéralement mis ‘le feu au lac’ côté rentabilité et les banques sont exsangues. Pour preuve la situation dramatique de la Deutsche Bank, une des plus grandes banques mondiales, qui vient de rater les stress test de la rentrée et qui plombe le climat des affaires en Allemagne.
Nous allons essayer de comprendre comment nous en sommes arrivés à cette absurdité des taux négatifs qui s’installent dans la durée, appliqués d’abord par les banques centrales, puis par les états, par les entreprises et qui porteront demain sur les dépôts des particuliers (*) , seule voie de sortie si l’on veut éviter, selon nous, la faillite de tout le système bancaire !!!
Tout est parti de la crise économique de 2008, dont le symbole le plus marquant a été sans conteste, la faillite retentissante de la banque Lehman Brothers. Pour sauver le système bancaire US et freiner le tsunami systémique mondial engendré par la crise des subprimes, le ministre des finances de l’époque, Henry Paulson, se lance dans un programme sans précédent de rachats d’actifs après avoir porté au plus bas les divers taux directeurs de la FED.
Pas moins de 3 plans d’assouplissement quantitatifs (‘Quantitative Easing’ ou QE) sont mis en place outre-Atlantique, suivant ainsi un modèle ‘non conventionnel’ expérimenté dans les années 2000 par le Japon (un précurseur en la matière) et dont les résultats se font encore attendre de nos jours, …plus de 16 ans plus tard !
Cette crise des subprimes ayant eu des répercussions sur toutes les économies développées de la planète, les responsables de leurs banques centrales se sont mis à copier les plans de QE des US, faute de solutions alternatives et espérant ainsi faire repartir la croissance dans leurs zones d’influence. C’est ainsi que la Banque d’Angleterre lançait son plan d’assouplissement en Mars 2009 et la BCE (plus prudente) attendait Janvier 2015 pour se jeter dans l’aventure.
Mais partir les derniers ne veut pas dire être timoré, bien au contraire ! Le patron de la BCE, Mario Draghi a lancé son bazooka européen avec un rythme de rachat d’obligations et de crédits titrisés de 60 milliards d’euros par mois, rythme qui a été accéléré récemment à 80 milliards d’acquisition mensuelle. Le seuil symbolique de 1000 milliards d’euros de rachats de dette souveraine a été atteint début Septembre, soit à peine 18 mois après le lancement de ce QE à l’européenne…et toujours pas de résultats en vue : la croissance en zone euro reste atone et on est très loin de l’objectif des 2% d’inflation !!!
Qu’à cela ne tienne, si les plans précédents n’ont pas produit de résultats, …c’est que le remède n’était pas assez fort ! Et voilà que les banques centrales ont trouvé la nouvelle solution miracle: instaurer une politique de taux négatifs envers leurs banques commerciales !
Le Japon, la Suisse et les pays nordiques (Suède, Danemark) ont été les précurseurs pour expérimenter ces taux négatifs durables sur le long terme, solution de dernière chance pour ‘tuer’ l’épargne et essayer de faire repartir la consommation, coûte que coûte !
Depuis Mars, les banques commerciales de la Zone euro sont, elles-aussi, rentrées dans la danse : elle doivent désormais s’acquitter de 0.4% par an pour que la BCE garde leurs trésorerie. Par contre, elles peuvent demander autant d’emprunts qu’elle souhaitent : ils sont gratuits !
A l’origine, cette situation contre nature (pour laquelle c’est le prêteur qui doit payer l’emprunteur !) ne devait pas, en théorie, peser sur le compte d’exploitation des banques. En effet, en proposant à leurs clients des prêts à des taux très attractifs (proches de zéro !) les banques étaient sensées voir affluer des milliers d’emprunteurs, compensant ainsi leur baisse de rémunération sur le delta taux.
Mais la machine économique ne voulant pas repartir, le nombre d’emprunteurs et le volume des prêts ne sont pas suffisants pour financer la bonne marche du secteur bancaire, d’où un malaise grandissant …et une velléité de faire payer les particuliers en taxant leurs dépôts!
Le sondage belge dont nous parlions en début d’article, s’inscrit dans cette perspective peu glorieuse!
Si la BCE continue à maintenir ce taux d’intérêt négatif à 0,4% auprès de ses banques, ou pire si elle venait à l’augmenter (en valeur absolue), nous serions à nouveau confrontés à un risque systémique de faillite du système bancaire dans son ensemble. Comme les plans successifs de QE et de taux négatifs ne seront vraisemblablement pas remis en cause (sous peine d’affoler les marchés), in fine, c’est le particulier qui risque d’être appelé à la rescousse pour sauver les banques !
Et ce n’est pas tout à fait un hasard si l’Europe a adopté dès le 1er Janvier 2016 la directive BRRD autorisant les banques en faillite à ponctionner le compte bancaire de leurs clients (au-delà d’une limite de 100 000 euros pour l’instant !).
Alors que faut-il faire pour se protéger contre une éventuelle faillite des banques et contre cette inévitable ponction à venir liée aux taux négatifs ? Acheter des coffres-forts pour y stocker des euros ou des yens, comme le font les Allemands et les Japonais selon un article récent du Wall Street Journal ? Au-delà de quelques grosses coupures de monnaie papier en euros ou dollars (qui risquent cependant de se dévaloriser rapidement en cas de crash bancaire), nous vous suggérons d’acheter plutôt des lingots ( 1kg d’or par exemple) ou des pièces d’or dont la valeur ne va faire que progresser, voire exploser en cas de crise.